
vers 1950 | Convoi de betteraves, cultivées principalement dans les champs de Plancenoit et de Maransart, en route pour la ‘Sucrerie Naveau’ de Wavre (1). La motrice 9723 (2) fut photographié par Daniël Thielemans à hauteur de la gare de Maransart-Aywiers.
Qui se souvient du tram remorquant des wagons de betteraves vers la Sucrerie Naveau à Wavre ? Mais aussi, du transport de pulpe, principalement utilisée pour l’alimentation des bovins en substitution des fourrages ? En effet, pendant la période betteravière, la commune de Rixensart était fréquemment traversée par ce type de convois.
« Un peu d’histoire des chemins de fer et de notre économie vous aidera à comprendre un peu mieux ce trafic de marchandises », écrit Jean-Claude Renier, vice-président du Cercle Ferroviaire de Rixensart. « En Belgique, il y avait deux types de lignes : celle des chemins de fer et celle du vicinal qui se sont développées fin du XIXe siècle et début du XXe. A cette époque, le transport de marchandises se faisait essentiellement par chariots et voies navigables. Le trafic marchandises par la SNCV venait en complément du grand chemin de fer et tous deux ont contribués au développement, particulièrement bucolique ».
novembre 1962 | Convois de betteraves ou de pulpe provenant de Lasne,
arrivant Quai du Tram à Bourgeois (Rixensart) ou
passant dans le bas de l’avenue de Merode (photos R. Detemmerman)
Daniel Bernair, un ancien habitant de Bourgeois, raconte : « A l’époque des betteraves, des wagons étaient en attente sur le Quai du tram et mes frères et moi creusions des betteraves en tête de mort, et y placions des bougies pour faire peur aux passants ».
1962 | Avenue de Merode <> 2014 © Monique D’haeyere
Ce tram transporteur de betteraves arrive à hauteur de l’avenue des Sept Bonniers (à gauche, entre les deux maisons, les actuelles pharmacie Seutin et joaillerie Vincent Nuyt).
Jean-Claude Renier confirme (voir supra Daniel Bernair) : « Durant les années 1950, à proximité de mon école primaire située rues des Ecoles, je rencontrais souvent le tram de betteraves qui traversait la rue de la Station (en provenance de Lasne et se dirigeant vers la gare de Rixensart et ensuite vers Bierges). Comme le convoi abordait une courbe serrée vers la gare de Rixensart et après avoir franchi la ligne de chemin de fer sur le pont métallique, les wagons bien chargés, laissaient tomber quelques betteraves que nous nous empressions de ramasser pour en déguster des morceaux ou bien pour les évider et y creuser deux yeux, un nez et une bouche. Instant magique, lorsque le soir nous y mettions une bougie. Nous ne fêtions pas encore la fête d’Halloween à cette époque ».
1962 | Tram de betteraves arrivant devant la gare de Rixensart (photo R. Detemmerman)

Convoi de betteraves accouplé à une locomotive à vapeur, en gare vicinale de Bierges et
le long de la ligne de chemin de fer 139, Louvain – Ottignies (photo Carlier)
Les betteraves transportées étaient destinées à la ‘Sucrerie de Bierges’, dénommée comme telle car elle était située à côté de la gare vicinale de Bierges. La sucrerie était alimentée par deux lignes vicinales ; celle en provenance de Braine l’Alleud/Waterloo et celle de Jodoigne à Wavre (3).
1958/1962 | Gare vicinale de Bierges, le long de la ligne Ottignies-Louvain
Derrière la locomotive à vapeur, le wagon intercalaire qui sert à accoupler les wagons du grand chemin de fer (écartement 1,435 m) au réseau vicinal (écartement 1m). Derrière la locomotive, un wagon de la SNCB à l’écartement 1,435 m. A gauche de la photo, on remarquera le réseau à 3 files de voies, à l’intérieur du site, nécessaire pour les deux types d’écartements.
Ces convois arrivaient à destination à la gare vicinale de Bierges. De là, ils étaient acheminés vers la sucrerie par des locomotives à vapeur.

Vue d’ensemble sur le site de la sucrerie. A gauche, des wagons du grand chemin de fer SNCB, et à droite des wagons SNCV chargés de pulpe.

Sucrerie de Wavre : à l’avant plan on remarque les trois files de voie
se dirigeant vers la gare de Wavre
La sucrerie, reprise en 1884 par l’ingénieur Jules Larochaimont et l’industriel Léon Naveau, portera la dénomination officielle ‘Naveau et Cie, Sucrerie de Wavre’. L’entreprise avait l’avantage du transport par rail, tant pour l’approvisionnement en matières premières que pour l’expédition de produits finis.
En 1975 la sucrerie de Wavre arrêta ses activités pour d’impératifs motifs économiques.
(1) Pendant près d’un siècle, la Sucrerie Naveau a fonctionné de 1874 à 1964. L’après-guerre marquera son déclin, comme celui de l’agriculture (L’archéologie industrielle, in revue Wavriensia XXXIII, 1984, p. 187-190)
(2) Ce type de motrice fut construit en quatorze exemplaires entre 1929 et 1930 par les Usines Métallurgiques de Braine-le-Comte.
(3) ouverte au trafic marchandises en 1887